L époque de ste Ide

Jouer du violon cela ne m’empêchait pas  d’être un garçon manqué, je n’ai jamais compris pourquoi le train de marchandises s’arrêtait au milieu du passage à niveau des mines, je passais entre les wagons, d’abord le vélo passait en premier, puis moi avec mon violon, le mécanicien qui me connaissait bien prévint mon père, je vous laisse deviner la correction

   C’est ma grand-mère qui avait acheté le violon, j’ai d’abord eu un violon d’études, puis le trois quart, et le quatre  quart, je jouais toute la musique en plus du classique comme les noces de Jeannette, sur un marché persan, Fascination, prière d’une vierge, la sérénade d’Enrico Tosseli, la mort du cygne et combien d’autres, je jouais aussi les chansons de l’époque comme les feuilles mortes, le pays du sourire, les valses. Je jouais tous les jeudis et les dimanches, et durant les vacances et le soir en revenant de l’école

Mon professeur monsieur Petit  jouait du violon et du piano, son fils du violoncelle. Il jouait à l’Eglise tous les dimanches et jours de fêtes.Je me suis  arrêtée de jouer le violon vers trente cinq ans, à cause d’une otite rouge, lorsque je jouais, le tympan vibrait et me brûlait  passablement. Mon oncle Henri me disait joue la sérénade des anges de Paganini

j’allais dans une Institution catholique Sainte- Ide. A une dizaine de kilomètres de la maison, un bus  effectuait le ramassage. Lorsqu’il y avait de la buée sur les vitres je dessinais des visages avec le doigt, à la récréation je dessinais le portrait des professeurs, les filles me regardaient faire, 

Un jour que je dessinais le portrait de la prof d’anglais, je dis “elle est très ressemblante n’est-ce pas”? je n’avais pas entendu que toutes  les élèves étaient  sortis, c’est  la prof qui répondit, bravo c’est très bien, dommage que ce soit sur le tableau En guise de punition, tu feras une composition française, “ce que t’inspire un tableau noir”, pour moi ce n’était pas une punition, j’aimais dessiner et écrire, 

Diplôme en poche avec mention, J’ai étudié la sténographie anglaise et française, la dactylographie et la comptabilité, à Liévin école privée agréer par la préfecture d'Arras, la directrice était Madame Thobois mon diplôme de professeur en main, Madame Thobois qui devait partir en retraite avait demandé à ma mère d’acheter sa maison et le local qui était grand afin que je puisse la remplacer comme professeur de sténodactylo, méthode Duployé, il existait une autre école à Lens qui enseignait la méthode Pigier, mais ma mère refusa à la place elle acheta un immense monument en marbre pour la famille et celle de ma tante 

Deux personnes d’un côté, trois de l’autre sont enterrés le reste restera vacant, c’est à dire dix huit places, ma cousine Jeannette aurait voulu y être enterrée, mais il fallait la signature de sa soeur Isabelle, qui n’a pas voulu signer, j’ai donné l’autorisation pour le monument de mes parents, mais son mari et ses enfants ont décliné l’offre, c’est encore Isabelle qui a gagné, ils se sont soumis à sa décision.   Qu’importe, le monument sera plus tard à l’abandon, mon fils et moi seront incinérés au Père Lachaise, comme son père.