
La Guerre
C’est la guerre ,Je n’avais que six ans, je passais facilement partout
Il y avait une boutique tenue par madame Dambrine, en vitrine il y avait des petites bagues, bracelets, colliers, du fil, aiguilles, deux soldats allemands passaient par là , j’ai fait signe à l’un d’eux de me porter pour que je puisse voir la vitrine, j’étais trop petite pour voir les petites choses, et dans mon sac il y avait un document que je devais porter chez François Malbranque qui habitait à une demi heure de l’endroit. Il était marchand de vélos
Madame Dambrine qui était derrière son comptoir s’était baissée pour ramasser on ne sait quoi, tellement elle avait peur, son fils qui était dans la résistance, avait été ramassé et déporté en Allemagne. Elle raconta l’histoire à mon père.
Madame Olga qui tenait un café en face du cimetière de Bully mettait une boite de bonbons sur le comptoir, elle m’en donnait quelques-uns et je partais, cela voulait dire que la voie était libre, sinon je passais mon chemin si le bocal n’était pas sur le comptoir, la porte restait ouverte .Il faut dire que je n’avais pas froid aux yeux
Lorsque les allemands passaient en groupe accompagnés d’un officier, ils chantaient toujours la même chanson, je marchais à côté de l’officier, au pas d’oie en chantant avec eux, s’ils avaient su ce que je faisais derrière leur dos.
Un jour que mon père m’emmena chez le coiffeur avec mon frère, j’eus la bonne idée de chanter Lili Marlène, chanson que j’avais entendu à la radio, il y avait deux allemands, ils étaient contents, alors je demandais des bonbons. je savais très bien que cette chanson se moquait d’eux, mais comme ils ne comprenaient pas les paroles, cela m’amusait beaucoup, mais pas mon père ni le coiffeur, car si un allemand avait compris le français, nous aurions passer un mauvais quart d’heure, mais cela ne m’effleurait pas. A compter de ce jour, je ne suis plus allée chez le coiffeur.
Mon père prend une part active à l’évasion des soldats français et anglais. Edmond alias Théo rabat s’efforce avec l’aide de ses amis de faire évader des soldats français et alliés. Je me souviens de deux russes, mon père avait trouvé un endroit pour eux, mais il venait quelquefois à la maison, ils mangeaient chez nous, ensuite ma mère faisait du café et un verre de genièvre, l’un d’entre d’eux alla à l’armoire et prenant deux grands verres, il les remplit de genièvre pour son copain et lui, ma mère n’en revenait pas Elle a empêché mon père de les inviter, il leur portait de l’alcool, Ils ont été hébergés un certain temps chez la sœur de Berthe Dubos qui était agent de liaison, des résistants se réunissaient chez elle, sa fille venait apporter le compte rendu à mon père, il y avait une planque provisoire dans son jardin, elle tenait une épicerie, sa soeur Me Deloraine était également dans la résistance.
Le jeune Roland Canon est mort en déportation, il habitait chez sa grand-mère, non loin de notre maison, il devait avoir dans les dix huit ans, le jour de sa mort vers douze heures sa grand-mère entendit frapper à la porte, elle alla ouvrir, il n’ y avait personne, on frappa une deuxième fois, et là elle vit apparaître son petit fils Roland qui lui dit au revoir, elle en parla à ma grand-mère, en lui disant mon petit Roland est mort, quelques temps après, elle reçut la visite des gendarmes qui lui annoncèrent la mort de Roland, la date correspondait à celle de l’apparition de Roland, elle était bouleversée, ainsi que ma grand-mère