
CRITIQUE D'ART
Peindre pour échapper au monde
L’art avec lequel il entretient une relation suivie depuis presque toujours, est le centre de l’univers de Franck Demoncheaux qui reste entravé par des problèmes de santé depuis son adolescence. Très tôt, il observe le travail de sa mère, peintre amateur de talent. Tout naturellement, il se met à son tour à l’oeuvre. Si, comme tout un chacun, ce fou d’images commence par dessiner sur du papier avec un crayon, il comprend très vite les possibilités d’affranchissement des contraintes que l’informatique offre à sa palette. Sa création s’étoffe au fil de l’évolution des techniques, jusqu’à ce que, par l’un de ces étranges revirements du sort, il renoue avec la plus artisanale de toute : la peinture…
Après un parcours scolaire interrompu par la maladie, pourtant surdoué, il aurait voulu faire une carrière scientifique, heureusement Franck était doué pour la peinture, le dessin et pa r la création numérique Demoncheaux suit les cours artistiques de la Ville de Paris et met à profit ses capacités en dessin pour trouver une orientation qui lui convienne. « Il y a presque trente ans que je dessine avec un ordinateur, raconte notre artiste avec une pointe de nostalgie sur le temps qui passe. J’ai commencé avec un Atari, une machine réputée pour ses capacits images et une tablette graphique. Il fallait jongler avec ses quatre couleurs pour obtenir un résultat satisfaisant. Mais on osait tout et on y arrivait ! »
Pour se faire la main, Franck reproduisait alors des affiches, rejoignant à sa manière les jeunes artistes qui copient les tableaux dans les musées. Depuis, les machines ont beaucoup évolué, mais l’imaginaire demeure aux commandes. « On s’aperçoit que, aussi sophistiqués que soient l’ordinateur et les logiciels, poursuit Franck, il arrive un moment où on reste bridé par la machine. » C’est peut-être aussi pourquoi il continue de pratiquer le dessin à la craie d’art, « pour ne pas perdre la main », comme il le dit lui-même.
Mal à l’aise dans la vie, Franck Demoncheaux puise l’essentiel de son inspiration dans son imaginaire extrêmement fertile. « La peinture est mon moteur, avoue-t-il. » Elle est son lien au monde. Sans elle, il se sent démuni, vide, inutile. Ses portraits déformés sont l’expression en creux du sentiment tragique de la vie qu’il éprouve. « Je ne suis jamais à l’aise, insiste-t-il. Dès que quelque chose me dérange, je me replie sur la peinture. » Et là ,alors qu’il pourrait s’épancher tristement sur sa toile, il laisse éclater les pans de bonheur qu’il héberge : Franck Demoncheaux peint pour échapper au monde en forçant la couleur à exécuter ses rêves de vie À l’aise dans le portrait, il l’est tout autant dans les travaux non figuratifs. Ces derniers peuvent habiter toute la toile, comme servi de simple décor à un portrait féminin ou de chat, autre expression dans laquelle l’artiste est particulièrement habile
.S’il prépare parfois ses toiles par ordinateur, Franck n’aime toutefois pas trop mêler les genres. « Je trouve ces deux modes d’expression différents. On est vite arrêté par leurs limites respectives » C’est pourquoi, il préfère utiliser chacun dans son meilleur rendu.
L’ensemble du travail de Franck Demoncheaux nous rappelle que la peinture héberge beaucoup plus que de simples images. Ses créations numériques en tirage spécial laissé aux soins d’un prestataire, sont réservées aux œuvres qui privilégient la couleur comme expression d’un trouble parfois violent et révolté
Ses acryliques sur toile traduisent des émotions plus retenues, plus fines. Chaque œuvre de Franck Demoncheaux és dans le traitement deeest un bourgeon d’artiste, un puits à surprises
Alain Coudert
Historien d’art - Critique d’art à la revue Arts-Actualités-Magazine