
Ma grand-mère était admirable, elle était belle, de longs cheveux bruns tirés en arrière, lorsque j’étais petite, je regardais toujours avec quelle dextérité elle tournait ses cheveux pour en faire un chignon. Elle avait été choisi pour représenter la République dans tout le canton à l’occasion d’un défilé historique, elle était assise sur un char à la tête du cortège.
Elle s’occupait de mon frère Georges et de moi.
Lors de l’accouchement de Georges dans une clinique privée de Bruay-en-Artois , le médecin croyant qu'il était mort-né le jeta sans ménagement sur la table, le bébé se mit à hurler de douleur. Mon oncle Henri était scandalisé de voir le comportement du médecin. Ce dernier s’occupa du bébé, mais son bras droit resta paralysé à vie, il eut toujours des problèmes de santé, polio, danse de saint-Guy, convulsions internes et j’en passe beaucoup
Mes parents ont dépensé une fortune en allant voir des guérisseurs en France y compris, le docteur Pellerin à Froyenne en Belgique. Mon oncle Henri disait toujours que c’était de la faute des médecins que mon frère était handicapé, un seul a été honnête envers mes parents, c’est le curé d’ Hardelot, qui a dit “n’allez plus voir de guérisseurs, ils prennent votre argent et il ne guérira jamais ,ma mère n’a jamais accepté cette situation.
Ma grand-mère a toujours fait l’impossible pour nous, et surtout pour moi, car ma mère ne s’occupait pas de moi. Ma grand-mère s’occupait de la lessive, de la cuisine et des courses, heureusement mon père l’aidait beaucoup, ma mère passait son temps à dormir, ma cousine Isabelle lui ressemblait beaucoup, elle restait des journées entières dans sa chambre
Ma Naissance
Je suis née le 16 janvier 1935 à Grenay, ma venue au monde n’était pas acceptée par ma mère elle refusait de me voir, J’ai eu aussi des problèmes de santé à la naissance, empoisonnement par le lait de la coopérative, le médecin et celui de l’hôpital ne pouvaient rien faire, simplement ils ont dit à ma bonne grand-mère que j’allais mourir, alors sans tarder elle partit en taxi rejoindre le curé d’ Hardelot qui était guérisseur, sourcier, c’était le très célèbre Abbé Boully, il me sauva la vie.Le cordon ombilical ne se refermait pas, c’est ma bonne tante Jeanne qui, malgré ses quatre enfants, Jeanne née en 1933 et Henri dit Riton en 1934, faisait plusieurs kilomètres tous les jours pour venir s’occuper de moi et faire le pansement, cela dura plusieurs mois. Je pense que pour cette raison ma tante s’est toujours montrée prévenante envers moi, par exemple si le col de mon manteau était remonté, elle le remettait en place, ce qu’elle n’aurait pas fait avec Jeannette sa fille, quant à mon oncle, il disait dans les cafés, “je préfère ma nièce à mes enfants”, il m’appelait ma poule d’eau, il paraît que je suis née dans l’eau et coiffée.
C’est mon oncle qui m’a donné mon premier baptême, au cas où je ne vivrais pas, son grand défaut était la boisson, il faisait régulièrement des neuvaines,dans ces moments là, il faisait tous les cafés de la ville, récitait la messe et disait « buvons les bienfaits de la terre, » comme Abraham dans les vignes du Seigneur, mais qu’importe je l’aimais beaucoup, il était très cultivé,
Plus tard, nous sommes retournés voir le curé d’Hardelot en taxi, plus une voiture, lorsqu’ils sont revenus, ils se sont arrêtés en chemin pour prendre une collation, ils se sont aperçus que je n’étais pas là, ceux qui se trouvaient dans la voiture croyaient que j’étais dans le taxi et inversement
Le taxi est retourné me chercher, j’étais assise dans un coin, je regardais ce curé un bandeau noir sur l’oeil faire une consultation à l’aide de baguettes, je ne voulais plus revenir à la maison, c’est ma bonne grand-mère qui allait voir les guérisseurs, rebouteux avec moi, j’avais des otites à répétition, des membres qui se déboîtent. En toutes occasions elle a remplacé ma mère. Ma grand-mère a toujours été présente dans ma vie,